Photo: Greta Formation
On voit à peu près à quoi les ostréiculteurs ou les apiculteurs occupent leurs journées. Mais que peut donc bien produire un nivoculteur ? Réponse : de la neige artificielle. Avec le réchauffement climatique et les exigences toujours croissantes de la clientèle qui désire des pistes de qualité quelles que soient les conditions météorologiques, la neige de culture devient plus une nécessité qu’un luxe pour toutes les stations de ski, indépendamment de leur altitude ou de leur exposition. Zoom sur un métier méconnu, mais plein d’avenir.
Recette pour produire de la neige
Obtenir de la neige suppose que les mêmes conditions soient réunies, que ce soit Dame Nature qui se charge de recouvrir les montagnes d’un épais manteau blanc ou bien les nivoculteurs qui œuvrent dans le secret de leurs usines à neige. De quoi a-t-on besoin alors ? D’air froid et d’eau. Il n’y a en effet, et c’est rassurant, pas de produit chimique ou d’adjuvant dans ce que crachent les canons à neige. Pourtant, certaines molécules miracles existent, comme le Snowmax, mais un arrêté préfectoral interdit ces pratiques depuis 1988 en France. Donc, en dehors de la consommation d’eau qu’elle suppose, et qui n’est tout de même pas négligeable, la production de neige de culture n’a aucun impact sur l’environnement. A titre d’exemple, l’association Mountain Wilderness estime que près de 21 millions de m3 d’eau sont captés en altitude pour produire de la neige de culture, soit la consommation annuelle d’une ville de 400 000 habitants.
Le nivoculteur, au cœur de plusieurs métiers bien différents
Aujourd’hui, dans chaque station de ski, ce sont plusieurs personnes qui travaillent à temps plein et tout au long de l’année pour garantir un enneigement correct et suffisant. En fait, le travail commence bien avant l’hiver, avec les travaux de déploiement ou de modernisation du réseau des enneigeurs, le nom officiel des « canons à neige ». Il faut faire passer, pendant l’été des kilomètres de tuyaux sous la terre des pistes de ski pour assurer une implantation la plus discrète et la plus robuste possible. Puis, dès les premiers froids, il faut commencer la production, en prévision de l’hiver à venir. Mais attention ! Les enneigeurs ne sont mis en route que si les conditions idéales de température, de pression et de vent sont réunies. Or, en montagne, ces conditions varient d’un vallon à l’autre, d’une altitude à l’autre, et en permanence. D’où une surveillance étroite de tout le domaine par informatique mais aussi sur le terrain, à pied ou en ski. Enfin, lorsque la saison touche à sa fin, il faut entretenir et démonter le matériel. Terrassier, plombier, informaticien et météorologue : le nivoculteur doit savoir tout faire.
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Un métier qui s’apprend… et qui embauche
La formation de nivoculteur que dispense le lycée des métiers de la montagne de Saint-Jean-de-Maurienne s’adresse à des bacheliers techniques dans le domaine de la mécanique et dure un an, entre cours et stages. Les diplômés rejoignent alors les équipes des différentes stations et le secteur ne connaitra pas la crise. Comme l’ont montré les experts de l’ISSW réunis à Grenoble en octobre dernier, la neige va se raréfier en dessous de 1800 m dans les trente ans à venir mais dès aujourd’hui, absolument toutes les stations, même les plus hautes, s’en remettent à la neige de culture pour garantir à leurs hôtes une neige de qualité. On peut ainsi être surpris d’apprendre que Val Thorens, la station la plus haute d’Europe à 2300 m, possède déjà pas moins de 250 enneigeurs.